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Produire les citadines électriques en France

Dans une étude décortiquant les prix de revient d’une voiture électrique du segment B (véhicule de type citadine), ainsi que leur sensibilité à plusieurs leviers tels que le coût du travail, de l’énergie, des taxes ou encore le niveau de subventions, la Fondation pour la Nature et l’Homme et l’IMT-IDDRI démontrent que la France peut rester compétitive face à l’Espagne, à l’Europe de l’Est et à la production Chinoise. Cette étude a été réalisée avec le concours du cabinet de prospective économique C-ways et l’économiste expert du secteur Bernard Julien.

Dans une étude décortiquant les prix de revient d’une voiture électrique du segment B (véhicule de type citadine), ainsi que leur sensibilité à plusieurs leviers tels que le coût du travail, de l’énergie, des taxes ou encore le niveau de subventions, la Fondation pour la Nature et l’Homme et l’IMT-IDDRI démontrent que la France peut rester compétitive face à l’Espagne, à l’Europe de l’Est et à la production Chinoise. Cette étude a été réalisée avec le concours du cabinet de prospective économique C-ways et l’économiste expert du secteur Bernard Julien.

Relocaliser en France ?

L’industrie automobile française a subi plus de deux décennies de délocalisations : la production nationale a été divisée par deux depuis les années 2000. Les plus petits véhicules ont particulièrement fait les frais de ces délocalisations tandis que les stratégies commerciales des constructeurs ont privilégié les modèles haut de gamme et les SUV, plus rentables, et ce, au dépend du défi climatique, de l’enjeu des ressources et de l’accessibilité des ménages. Face à ce constat, la FNH s’est associée à l’IMT-IDDRI pour objectiver le choix d’une toute autre stratégie industrielle.

Gagnerait-on à parier sur une relocalisation en France de la production de petits véhicules électriques, moins impactants pour l’environnement et plus accessibles pour le consommateur ? Pourquoi le véhicule électrique, moins sensible au coût du travail qu’un véhicule thermique, mais plus impacté par le prix de l’énergie, peut-il constituer une opportunité industrielle ?

Thomas Uthayakumar

directeur des programmes et du plaidoyer FNH

Les constructeurs ont brandi le spectre de l’invasion chinoise pour justifier leur investissement dans les véhicules électriques haut de gamme, pourtant moins écologiques et moins accessibles. Force est de constater que cette invasion n’a pas eu lieu, et qu’une production française de petits véhicules abordables est possible.

Jean-Philippe Hermine

directeur de l’IMT-IDDRI

La délocalisation massive de la production automobile française ces 20 dernières années a touché principalement les véhicules thermiques pour les déplacements du quotidien (les segments A et B). Le passage à l'électrique permet d’envisager une inversion de tendance.

Une compétitivité confirmée

Prenons l'exemple d'une citadine 100% électrique fabriquée en France. L'analyse menée par l'étude a comparé son coût de production théorique en France (dans une région comme les Hauts-de-France) avec celui d'une fabrication délocalisée en Espagne, en Slovaquie ou en Chine.

Résultat : la production française peut être compétitive face à tous ces pays d'ici 2030. L'étude envisage une relocalisation de la production de 700 000 citadines électriques sur le territoire français et la création de 25 800 emplois en France.

Des recommandations de court-terme

Les auteurs de l'étude formulent plusieurs recommandations :

1. Favoriser une énergie décarbonée et compétitive

  • Accroître l'accès à une énergie décarbonée à prix durablement compétitif pour alimenter les chaînes de production.
  • Encourager le développement des énergies renouvelables locales.

2. Valoriser la performance environnementale

  • Mettre en place des instruments fiscaux et réglementaires qui favorisent les véhicules les plus performants sur le plan environnemental (par exemple, un éco-score étendu à de nouveaux dispositifs).
  • Instaurer des quotas de verdissement des flottes automobiles.
  • Appliquer une taxe sur les véhicules de société en fonction de leur impact environnemental.

3. Privilégier les segments A et B pour les véhicules du quotidien

  • Mettre en place des éco-conditionnalités pour les flottes publiques et privées, les incitant à opter pour des véhicules plus vertueux.
  • Développer des mesures de type leasing social pour faciliter l'accès aux véhicules électriques pour les ménages les plus modestes.

4. Soutenir la transformation industrielle

  • Mettre en place un système d'accompagnement financier massif pour soutenir la transformation des industries automobiles françaises vers la production de véhicules électriques.
  • Investir dans la formation des personnels pour répondre aux nouveaux besoins des filières électriques.

Publié le 6 juin 2024