L’Alliance publie une note sur la résilience de la route face au changement climatique. Incendies, chaleur, inondations… Le risque d’usure prématurée, voire de destruction partielle de la route, augmente. Comment ORIS accompagne-t-il ses clients à se préparer ? Est-ce un enjeu particulièrement français?
Les catastrophes naturelles liées au changement climatique sont à la fois plus fréquentes et plus intenses. Pour aider les acteurs de l’infrastructure linéaire à y faire face, il faut repenser notre façon de concevoir des routes en nous appuyant davantage sur le numérique. Aujourd’hui, grâce au digital, nous pouvons créer des projets routiers plus résilients et durables, et cela dès la phase de conception. C’est la raison d’être de notre plateforme : guider tous les acteurs, des fournisseurs de matériaux aux autorités publiques, en passant par les entreprises de construction, les sociétés d’ingénierie, etc. D’une part, notre plateforme mesure les émissions de carbone, depuis l’extraction des matériaux jusqu’aux activités de construction, et d’autre part, elle établit une évaluation comparative des solutions pour réduire ces émissions (designs, matériaux, transport, construction, phase d’usage, maintenance…).
Ainsi, à chaque étape de la construction d’une route, nous pouvons optimiser les émissions. C’est ce que l’on appelle “l’atténuation”, et il est indispensable qu’elle s'opère secteur par secteur, en bonne connaissance des mécanismes à l’œuvre.
Nous avons développé une méthodologie qui nous permet d’identifier les segments routiers à risque, les portions les plus vulnérables, ou susceptibles d’être impactées dans les 30 prochaines années par une catastrophe naturelle. Nous calculons alors un score de résilience unifié qui repose sur trois éléments. D’abord, sur un criblage des expositions climatiques pour identifier les impacts (canicules, inondations, cycles de gel/dégel). Ensuite, sur une évaluation des infrastructures pour cibler les points faibles, qui dépendent de l’état et des conditions d’emploi des routes. Enfin, sur un examen des besoins sociétaux globaux : retard des usagers, population à proximité, et analyse socio-économique de ces infrastructures.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que notre plateforme intègre à la fois des expertises en génie civil et résilience climatique, et l’IA, la collecte, et le traitement de données. Grâce à ces différents éléments, nous pouvons intervenir sur les infrastructures routières du monde entier en identifiant les besoins de renforcement ou de pérennisation : c’est “l’adaptation” aux changements climatiques.
Les impacts du changement climatique se répercutent partout, l’enjeu est donc tout autant local qu’international. Nous ne pouvons pas laisser des communautés coupées de leurs proches, des hôpitaux ou d’autres services publics essentiels. Grâce à la combinaison des expertises métiers et de l’usage des dernières technologies, nos clients peuvent prendre des décisions éclairées, fondées sur leur propre pondération des enjeux en matière de durabilité et de résilience, et des critères économiques. Le but est d’anticiper au maximum, non seulement pour le bien-être des populations, mais aussi pour éviter des coûts de reconstruction effarants, voire des ruptures de connectivité.
Grâce à ces différents éléments, nous pouvons intervenir sur les infrastructures routières du monde entier en identifiant les besoins de renforcement ou de pérennisation : c’est “l’adaptation” aux changements climatiques.
Les impacts du changement climatique se répercutent partout, l’enjeu est donc tout autant local qu’international. Nous ne pouvons pas laisser des communautés coupées de leurs proches, des hôpitaux ou d’autres services publics essentiels. Grâce à la combinaison des expertises métiers et de l’usage des dernières technologies, nos clients peuvent prendre des décisions éclairées, fondées sur leur propre pondération des enjeux en matière de durabilité et de résilience, et des critères économiques. Le but est d’anticiper au maximum, non seulement pour le bien-être des populations, mais aussi pour éviter des coûts de reconstruction effarants, voire des ruptures de connectivité.
Quel est le degré d’information des élus locaux, des entreprises, ou de la société ?
Nous sommes sur la bonne voie. D’une part, nous avons le rapport du GIEC, de plus en plus attendu, qui sert de guide, et d’autre part, l’accent est aujourd’hui mis sur la réglementation pour formaliser et harmoniser les bonnes pratiques quant à la durabilité des infrastructures linéaires. Les Accords de Paris de 2015 ont donné le ton à la communauté internationale : l’enjeu est de fournir un effort collectif pour réduire les émissions et maintenir l’augmentation de la température sous les 2°C. Quelles stratégies mettre en place ? C’est là qu’entrent en jeu des réglementations comme le Pacte Vert Européen.
Les entreprises sont également mises à contribution avec la Directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), qui les oblige à harmoniser leurs reportings de durabilité, et à accroître leur transparence sur la vulnérabilité de leurs activités au changement climatique. Pour faire adopter un changement, il faut parfois l’imposer. Et cela passe par la voie réglementaire. Les diverses réglementations et normes sont certes contraignantes, mais elles sont avant tout dictées par la nécessité d’avancer, étape par étape, vers plus de durabilité et de transparence.
Quelles sont les priorités pour accompagner le financement de cette résilience ?
La première consiste à apporter davantage de visibilité aux solutions digitales. Notre enjeu est de faire savoir que des solutions existent, et ce dès aujourd’hui. De nos jours, l’IA fait couler beaucoup d’encre. Mais dans un secteur où le digital est sous-utilisé, on n’a pas forcément conscience des opportunités qu’elle ouvre. Dans le cas de la résilience climatique, où l’on établit des actions de mitigation et d’adaptation, c’est pourtant bien elle qui nous permet de cartographier les zones vulnérables, et donc d’anticiper en les consolidant. Fin 2024, nous avons connu le typhon Yagi en Asie du Sud-Ouest, la tempête Dana à Valence en Espagne, le cyclone Chido à Mayotte, et nous avons commencé l’année 2025 avec les mégafeux de Los Angeles.
Bien souvent, si nous ne savons pas encore dire “quand”, nous pouvons dire “où” adviendront les événements climatiques responsables de sollicitations extrêmes sur nos infrastructures.
Tout l’enjeu est d’investir sur le long terme, de ne plus être en réaction face aux effets désastreux d’une catastrophe naturelle, qui nous contraignent à débourser des sommes astronomiques. Autrement dit, l’idée est d’anticiper aujourd’hui ce qui va se passer dans 30 ou 50 ans. C’est l’un des messages à transmettre aux autorités publiques : investissez intelligemment dès aujourd’hui, au lieu de dépenser des millions inutilement lorsqu’il sera trop tard. En interpellant les décisionnaires, c’est toute la structure de la pyramide que l’on touche. Les stratégies d’investissement, et la place donnée à la résilience et la durabilité se répercutent sur l’ensemble des acteurs.
Concevoir un réseau routier plus résilient et plus durable ne coûte pas nécessairement plus cher. En changeant l’échelle de lecture, c’est à dire en s’inscrivant dans le long terme, et intégrant la résilience climatique dès la planification et le design du projet, nous obtenons au contraire un meilleur retour sur investissement
L’adaptation au changement climatique et à ses effets s’installe petit à petit dans le débat public, et la nécessité d’adapter nos ouvrages appelle à des investissements en hausse. Faut-il pour autant considérer que c’est la priorité ? Ne risquons-nous pas de perdre de vue la simple réduction des émissions ?
Nous n’avons pas à choisir. Nous pouvons tout à fait investir pour davantage de durabilité et de résilience climatique, tout en continuant à décarboner les routes. L’objectif reste le même : agir contre le changement climatique, à la fois en diminuant nos émissions, et en nous adaptant à ses effets. Encore une fois, le digital est notre meilleur atout. En collectant les données en masse, en les interprétant grâce à l’IA, nous pouvons avancer en agissant simultanément sur l’adaptation et la réduction des émissions. Les deux défis de l’industrie routière que sont sa transformation numérique et sa transition environnementale évoluent donc de concert. L’infrastructure routière est en chemin pour prendre ses responsabilités, montrer l’exemple, et décarboner le secteur.