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Le 3ème baromètre Wimoov

Le 3ème Baromètre des Mobilités du Quotidien, publié cette semaine par l'association Wimoov, révèle une aggravation significative de la précarité de mobilité, qui touche désormais 15 millions de Français, soit une augmentation de 1,7 million par rapport à 2021.

Le 3ème Baromètre des Mobilités du Quotidien, publié cette semaine par l'association Wimoov, révèle une aggravation significative de la précarité de mobilité, qui touche désormais 15 millions de Français, soit une augmentation de 1,7 million par rapport à 2021.

Les plus vulnérables particulièrement touchés Si cette précarité affecte toutes les générations et tous les territoires, l’étude laisse néanmoins entrevoir en filigrane d'importantes disparités socio-culturelles et géographiques (notamment entre centres urbains et périphéries ou milieu rural). 1/3 des Français interrogés, déclarent, en raison d’un faisceau complexe de facteurs (bas revenus, coût élevé du carburant, manque d'alternatives, ou simplement absence de moyens de transport), ne plus avoir la liberté de choisir leur mode de déplacement, et 38% renoncer régulièrement à se déplacer. Parmi ceux qui témoignent de difficultés persistantes, 43% sont des demandeurs d'emploi de longue durée, et 27% issues d'un foyer à faibles revenus. Les jeunes émergent également en tant que public vulnérable, puisque 62% des 18-24 ans font état de ces difficultés (soit plus de 20 points de plus que la moyenne de l’échantillon global). Plus inquiétant encore, 10% des répondants déclarent n'avoir aucune solution de mobilité.

Une dépendance persistante à la voiture Paradoxalement, malgré l'augmentation du prix des carburants, la dépendance à la voiture individuelle reste stable. Pour 45% des automobilistes (53% en zone rurale et 59% en zone périurbaine), cette hausse n'a pas modifié leurs habitudes de transport, en dépit des répercussions financières sur leur budget. Selon ces répondants, même une hausse conséquente des prix du carburant n'entraînerait pas de changement radical. « La dépense de carburant, bien que croissante et impactant sur le quotidien, demeurerait incompressible" relève Wimoov. Un constat préoccupant pour les personnes à faibles revenus dépendants de la voiture individuelle, puisqu’il génère d’autre formes de précarité - ceux-ci étant dès lors contraints de rogner sur d'autres dépenses essentielles. Mise largement en cause, la faiblesse du report modal : Wimoov recense une baisse de la connaissance des transports en commun régionaux de 12% par rapport à son précédent baromètre. Et si seulement 55% des sondés estiment pouvoir choisir entre différents modes de transport, cette proportion diminue encore sensiblement dans les communes isolées (27%) et en périurbain (21%). Un indicateur stable par rapport à 2021 (alors qu’il avait chuté de 10 points en 2019), qui montre que les déplacements du quotidien sont encore très majoritairement contraints.

Les politiques publiques en question Les résultats du baromètre viennent également questionner des politiques publiques environnementales qui contribuent parfois à accentuer la fracture entre les publics cumulant les difficultés, et ceux susceptibles d’évoluer vers des modes de déplacement durables. Ainsi, les zones à faibles émissions (ZFE), qui restent encore largement méconnues (73% des répondants affirment ne peu ou pas connaître leur réglementation), accroissent encore les inégalités sociales, les véhicules anciens plus polluants étant majoritairement possédés par les catégories socioprofessionnelles les plus modestes. Et même si des accompagnements financiers existent pour faciliter la transition vers une voiture plus propre, 67 % des interrogés déclarent mal, voire ne pas, les connaître. « Cette affirmation est d’autant plus marquée chez les demandeurs d’emploi, les employés et ouvriers et les ménages dont le revenu est inférieur à 1000 € », relève Wimoov. En outre, la conscience environnementale tend à reculer (seulement 36% considèrent que les déplacements contribuent à la dégradation de l’environnement, soit 9% de moins qu’en 2019), alors même que l’impact des aléas climatiques est lui, bien réel, entraînant à la fois renoncement à se déplacer, et report modal vers la voiture.

Des solutions pour une mobilité plus inclusive Face à ces constats, Wimoov insiste sur la nécessité de concevoir des solutions de mobilité en priorité pour les populations vulnérables. L'association propose de mobiliser différents leviers :

  • amélioration de l'accès à l'information sur les aides disponibles,
  • développement de solutions de transport alternatives adaptées à tous les territoires et toutes les catégories sociales,
  • création d’une ligne budgétaire pérenne dédiée à la mobilité solidaire dans la loi d'orientation des mobilités (LOM),
  • sensibilisation des jeunes en matière de mobilité,
  • déploiement du métier de conseiller mobilité sur tout le territoire.

Publié le 27 septembre 2024