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L’industrie automobile européenne en 2035, un rapport de la Fondapol

En 2021, l'UE a annoncé interdire la vente de voitures thermiques d'ici 2035, suscitant une vive opposition de l'industrie automobile qui revendiquait, au nom de la neutralité technologique, le droit exclusif de décider des moyens d'atteindre les objectifs gouvernementaux. La Fondapol propose une analyse du contexte.

En 2021, l'UE a annoncé interdire la vente de voitures thermiques d'ici 2035, suscitant une vive opposition de l'industrie automobile qui revendiquait, au nom de la neutralité technologique, le droit exclusif de décider des moyens d'atteindre les objectifs gouvernementaux. La Fondapol propose une analyse du contexte.

Cette décision européenne, motivée par l'Accord de Paris, soulève des questions sur sa faisabilité et ses risques, mais ouvre aussi des perspectives technologiques et politiques en mettant fin à la dépendance pétrolière.

Fragilisé par la lutte contre le changement climatique et les mesures de réduction de la pollution et de la congestion, ce statut était déjà remis en question. En 2021, les transports représentaient 23% des émissions de GES de l'UE, dont plus de la moitié imputable aux voitures individuelles. De plus, l'Europe dépend des importations de pétrole pour ses moteurs thermiques, une ressource qu'elle ne produit pas (environ 15 tonnes par voiture sur son cycle de vie).

Face à la montée en puissance de l'industrie chinoise, l'Europe doit choisir entre une transition rapide vers l'électrique et une possible domination technique et commerciale. Une stratégie globale (technologique, industrielle, réglementaire et fiscale) est indispensable – ce qu’elle ne met pas encore en place, selon le rapport.

Malgré les incertitudes, les constructeurs européens ont lancé des programmes de transformation vers l'électrique, influençant aussi leurs concurrents internationaux. La prochaine décennie sera marquée par une compétition technologique et commerciale majeure, avec des conséquences sur l'emploi, la compétitivité européenne et la mobilité.

**L’Europe, berceau de l’automobile, est reconnue pour sa créativité, le confort et la sécurité des voitures. **

Trois questions-clés se posent :

  • L'abandon du thermique est-il justifié et irréversible ?
  • L'industrie européenne peut-elle conserver un rôle mondial en arrêtant la production de moteurs thermiques pour son marché intérieur ?
  • Sans son avantage historique, peut-elle prospérer face à la concurrence internationale ?

L'Europe, forte d'une industrie automobile majeure (2e producteur mondial en 2023 avec 12,1 millions de véhicules, derrière la Chine et devant les États-Unis et le Japon), dont 83,4% de voitures particulières, doit faire face à la stratégie chinoise axée sur l'électrification et la maîtrise de toute la chaîne de valeur.

L'industrie européenne est engagée dans une transformation profonde. La Cour des comptes européenne exprime d'ailleurs son scepticisme quant au respect de l'échéance de 2035, pointant le manque de transparence et les atermoiements. Le défi dépasse l'électrification et exige une vision systémique de la mobilité : la Chine a fait preuve d’une planification très ambitieuse dotée de moyens performants. Une marche forcée vers l’électrique qui s’accélère aujourd’hui, après un lent démarrage. Les auteurs du rapport le pointent : l’enjeu, pour l’Europe, n’est pas tant la compétitivité technologique, mais sa capacité à se doter un cap clair, le tenir, et y associer des moyens.

Avec plus de 12 millions d'emplois liés à ce secteur, il est crucial de préserver le savoir-faire européen tout en accélérant la décarbonation. L'électrification nécessite une mobilisation conjointe des industriels et des gouvernements pour innover et repenser la mobilité – la Chine allait jusqu’à promouvoir le développement de l’automobile en masse dans plusieurs villes (pour soutenir un marché naissant).

« Rien ne peut plus s’imaginer désormais sans référence à la Chine dont la stratégie d’électrification massive du parc automobile crée une rupture qui affecte tous les constructeurs»

Face à la concurrence chinoise, l'Europe doit innover, être flexible et proposer de nouveaux modèles de mobilité axés sur l'usage. La bataille économique repose sur la réglementation, la concurrence et l'innovation. Un soutien gouvernemental est crucial pour préserver les emplois et la R&D dans une vision intégrée de la mobilité. L'électrification offre une opportunité de dynamiser l'industrie à long terme, tout en restant attentif à la demande mondiale de véhicules thermiques. Le rapport montre bien comment l’attention doit avant tout se porter sur la construction d’un écosystème tourné vers l’électrique, où les parties prenantes s’auto-entretiennent. Et de conclure que ce n’est pas tout-à-fait le cas aujourd'hui.

Publié le 20 janvier 2025