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20 ans sur la route : évolution des risques et enjeux pour demain - Le baromètre d'AXA Prévention
En 20 ans, l’action conjuguée des campagnes de prévention et le durcissement de la règlementation ont frappé les consciences des Français. La 20e édition du Baromètre de l’association AXA Prévention sur le comportement des Français sur la route apporte un éclairage sur les risques liés à la conduite grâce à deux décennies de recherche.
En 20 ans, l’action conjuguée des campagnes de prévention et le durcissement de la règlementation ont frappé les consciences des Français. La 20e édition du Baromètre de l’association AXA Prévention sur le comportement des Français sur la route apporte un éclairage sur les risques liés à la conduite grâce à deux décennies de recherche.
Membre de l'Alliance, AXA publie régulièrement des baromètres d'analyse des comportement des Français. Ici, l'Alliance interroge Eric Lemaire, Président d'AXA Prévention.
ADR : Décarbonation et comportements routiers : Comment le baromètre évalue-t-il l'évolution des comportements des conducteurs en matière de choix de modes de transport plus durables (vélo, transports en commun, covoiturage) et quel est l'impact de ces choix sur la réduction des émissions de CO2 ?
Eric Lemaire : Les Français ont de plus en plus conscience des implications environnementales liées à leur mode de déplacement. Ils sont 81 % à le souligner, dans notre dernier baromètre, même si pour l’instant, ils ne sont qu’un quart à avoir fait le choix de la mobilité douce. Le chemin est encore long ! Pourtant de nombreux facteurs incitent aujourd’hui le passage aux modes de transports plus durables, avec des infrastructures qui se sont beaucoup développées, des campagnes de sensibilisation qui se sont multipliées et même des incitations financières. L'impact de ces choix sur la réduction des émissions de CO2 est significatif. En favorisant l'utilisation du vélo, également bon pour la santé, des transports en commun et du covoiturage, les conducteurs contribuent à réduire la dépendance à la voiture individuelle, ce qui entraîne une diminution des émissions de CO2 liées au transport.
De plus, en promouvant des modes de transport plus durables, on peut s'attendre à une diminution de la congestion routière, à une amélioration de la qualité de l'air et à une réduction de l'empreinte carbone globale des déplacements. Ces changements contribuent donc à l'atteinte des objectifs environnementaux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Quelles sont les principales tendances identifiées par le baromètre concernant l'adoption de nouvelles technologies dans le secteur automobile (véhicules autonomes, voitures connectées) et quel impact prévoyez-vous que ces technologies auront sur la sécurité routière et les comportements des conducteurs ? Les usagers se projettent-ils facilement dans le transport décarboné ?
Avant de se tourner vers les nouvelles technologies, la solution la plus simple et immédiate pour diminuer ses émissions de carbone est de réduire les distances parcourues. 60 % des trajets du quotidien font, en effet, moins de 5 km, une distance facile à parcourir à bicyclette, par exemple. Malheureusement, seulement 5 % de ces trajets se font à vélo. Et notre dernier baromètre souligne que les actions pour diminuer ses émissions de carbone sont en perte de vitesse.
Les Français sont 34 % à limiter leurs déplacements, soit 8 points de moins que l’année précédente. Ils sont même moins nombreux à pratiquer les mobilités actives ou avoir l’intention de s’y mettre.Les Français sont 34 % à limiter leurs déplacements, soit 8 points de moins que l’année précédente. Ils sont même moins nombreux à pratiquer les mobilités actives ou avoir l’intention de s’y mettre.
Aujourd’hui, les véhicules comportent déjà de nombreux systèmes d’aide pour assister le conducteur lorsqu’il est au volant, renforcer sa sécurité, mais aussi fluidifier le trafic. Bientôt, ces systèmes embarqués seront complétés par des nouvelles technologies encore plus efficaces ! Les véhicules pourront par exemple échanger des informations entre eux, ou directement avec leur environnement grâce à des capteurs et des caméras intégrés dans des feux ou des panneaux de signalisation. Ces nouvelles technologies pourront en effet constituer une avancée pour la sécurité routière.
Les Français se projettent déjà ! La voiture autonome, fait par exemple rêver 26 % d’entre eux et 18 % estiment qu’elle contribuera à rendre la route plus sûre. Ce système de conduite pourrait en effet pallier les erreurs d’origine humaine. Mais s’en remettre les yeux fermés est une mauvaise idée pour le moment. Aux Etats-Unis où quelques milliers de voitures circulent déjà, elles ont déjà causé une vingtaine de morts.
Variété des modes de transport et partage de la route : Comment le baromètre analyse-t-il les principaux enjeux liés au partage de la route ? Comment les nouvelles mobilités urbaines sont-elles prises en compte dans l'étude ?
Notre dernier Baromètre révèle justement que les Français considèrent les autres usagers de la route comme la cause de leur insécurité. Les trottinettistes apparaissent comme « les bêtes noires » des automobilistes et des deux-roues motorisés. Ainsi, si les autres sont perçus comme une source d’inquiétude, les usagers considèrent qu’à titre personnel, ils partagent mieux la route qu’auparavant. Globalement, ils ont le sentiment de moins s’énerver au volant qu’avant et d’être plus respectueux des autres usagers.
Les usagers qui reconnaissent le plus facilement leurs mauvais comportements sont les trottinettistes. Quelle que soit la question posée, ils sont majoritaires à avouer que leur attitude nuit au bon partage de la route. La bonne nouvelle est qu’ils s’améliorent néanmoins au fil du temps, notamment sur le port du casque, avec une progression record : 63 % cette année contre 32 % en 2021.
Le baromètre met-il en évidence des évolutions dans l'usage de la voiture en fonction des catégories socioprofessionnelles, des âges ou des zones géographiques ? Comment l'accès à la voiture et son utilisation sont-ils liés à des enjeux sociaux plus larges ?
Notre étude ne catégorise pas les nécessairement les répondants sur des critères socioprofessionnelles mais plutôt sur leur moyen de déplacement et leur rapport aux autres. Néanmoins, après 20 ans de baromètre et une collaboration étroite avec la Délégation Interministérielle de la Sécurité Routière et l’ensemble des acteurs qui font de la prévention routière, nous savons que les usages varient en fonction des critères que vous évoquez.
Ainsi, les catégories socioprofessionnelles supérieures ont souvent plus facilement accès à des voitures de meilleure qualité ou plus enclines à utiliser des services de location de voitures. Les jeunes, également, en particulier dans les grandes villes, ont tendance à moins posséder de voitures personnelles en raison de l'accessibilité des transports publics et de l'évolution des modes de vie.
En ce qui concerne les zones géographiques, les régions urbaines densément peuplées ont souvent des systèmes de transport public plus développés, ce qui peut réduire la dépendance à la voiture. L'accès à la voiture et son utilisation sont souvent liés à des enjeux sociaux plus larges tels que l'accessibilité aux emplois, aux services de santé et d'éducation. Les personnes vivant dans des zones rurales ou mal desservies par les transports en commun peuvent être plus dépendantes de la voiture pour accéder à ces services essentiels.
Enfin, les enjeux environnementaux liés à l'utilisation de la voiture ont également un impact social important, car ils affectent la santé, notamment à travers la pollution de l'air et les émissions de carbone ainsi que la qualité de vie des communautés.
Sur la base des données du baromètre, quelles sont les principales prévisions d'AXA Prévention concernant l'évolution de la mobilité dans les prochaines années ? Quels sont les principaux défis à relever pour construire une mobilité plus sûre, plus durable et plus inclusive ?
Notre dernier Baromètre 2024, comporte justement une question sur la vision des Français sur les transports en 2040, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas optimiste !
Seuls 24 % des Français pensent que les déplacements en 2040 vont s’améliorer et 34 % que le trafic sera plus dense et plus dangereux. Ils sont également 23 % à se projeter dans un futur toujours aussi pollué. Construire une mobilité plus sûre, plus durable et plus inclusive, passe, par repenser les politiques de transport pour encourager l'utilisation des transports en commun, des modes de déplacement doux et des véhicules électriques. Les Français sont par exemple 30% à déclarer vouloir réaliser plus de déplacements en transports en commun. Investir dans des infrastructures adaptées, promouvoir des modèles de partage et d'intermodalité, et intégrer les nouvelles technologies pour optimiser les déplacements sont également des pistes de réflexion.
Ainsi, pour améliorer la sécurité réelle des usagers et la perception qu’ils en ont, trois leviers peuvent être activés:
- Le premier réside, lorsque c’est possible, dans l’adaptation des infrastructures, pour mieux les sécuriser, notamment les pistes cyclables, et répondre ainsi aux 34 % des Français qui aspirent à utiliser davantage le vélo, plus respectueux de l’environnement.
- Le second consiste à sécuriser les passages piétons, créer de nouvelles zones de rencontre et faire évoluer les schémas de circulation. 30 % des répondants souhaitent davantage de voies piétonnes et 27 %, un meilleur partage de la route, pour contribuer à une cohabitation plus harmonieuse entre usagers et réduire ainsi les accidents de la route.
- Enfin, les pouvoirs publics et les associations de prevention routières devront multiplier les campagnes de sensibilisation afin de mieux faire prendre conscience des comportements qui mettent les autres usagers de la route en danger ou dans l’inconfort, qu’ils soient automobilistes ou cyclistes.
Je suis convaincu que l’adoption de nouveaux comportement passe par un renforcement de l’éducation des plus jeunes au partage de la route afin qu’ils deviennent des usagers attentifs aux autres et respectueux de la collectivité.
Publié le 25 octobre 2024